PEUPLES AMERINDIENS indiens des Amérique

Les Inuits

 

 


Les Inuits

Inuits fruits legumes vegetarien omega

Les Inuits sont un groupe de peuples autochtones partageant des similarités culturelles et une origine ethnique commune vivant dans les régions arctiques de l'Amérique du Nord. Il y a environ 150 000 Inuits vivant au Groenland, au Canada et aux États-Unis.

Bien que le Conseil circumpolaire inuit regroupe également les Yupiks de l'Alaska et de la Sibérie, ceux-ci ne sont pas des Inuits dans le sens d'une descendance thuléenne. Les Inuits ne sont pas considérés comme des Amérindiens puisque leurs ancêtres seraient venus en Amérique plusieurs millénaires après l'arrivée des Paléoasiatiques, les ancêtres des Amérindiens. En fait, les Inuits sont davantage similaires aux peuples habitant les régions arctiques asiatiques qu'aux peuples amérindiens. Il ne faut pas non plus confondre les Inuits avec les Innus qui sont un peuple amérindien vivant dans la forêt boréale canadienne du Nord-Est du Québec et du Labrador.

Historiquement, les Inuits étaient un peuple de chasseurs nomades. De nos jours, si la plupart des Inuits sont devenus sédentaires, une grande partie vit encore de la chasse et de la pêche.

Plusieurs questions politiques se posent au sujet des Inuits, principalement des revendications territoriales. Au Canada, ils sont représentés par l'Inuit Tapiriit Kanatami. En fait, le plus important processus de revendication territoriale dans l'histoire du Canadaa mené, en 1999, à la création du Nunavut, un nouveau territoire conçu comme patrie d'une grande partie des Inuits du Canada et dont le nom signifie « notre terre » en inuktitut, la langue principale des Inuits canadiens. De plus, afin de répondre aux revendications des Inuits de la région du Nunavik dans le Nord-du-Québec, le gouvernement québécois a créé l'Administration régionale Kativik dans le cadre de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois.

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Territoite de la Convention des la Baie James

 

POPULATION 2010 / 2016

Groenland 50'000 2010
Nunavut 30'140 2016
Alaska 25'687 2010
Québec 13'945 2016
Terre-Neuve & Labrador 6'450 2016
Territoires du Nord-Ouest 4'080 2016
Russie 1'738 2010
Reste du Canada 10'410 2016
Reste des Etats-Unis 7'673 2010
Population totale 150'123  

 

Le terme « inuit » signifie « gens », « humain » ou « personne » en inuktitut et en groenlandais. Puisque ce sont les deux langues inuites les plus parlées, c'est le terme qui a été retenu. Il s'agit en fait d'un nom pluriel dont la forme singulière est « inuk » et la forme duelle est « inuuk ». Cependant, en français, tel que recommandé par l'Office québécois de la langue française, on utilise seulement le mot « inuit » et on l'accorde en genre et en nombre comme un mot français, c'est-à-dire un « Inuit », une « Inuite », des « Inuits » et des « Inuites ». En français, le mot « inuit » est également utilisé en tant qu'adjectif qui est accordé de la même façon. Les autres langues inuites ont un terme ayant la même racine étymologique pour ce mot, par exemple « inughuit » en tunumiit et « iivit » en tunumiisut.

Certains peuples des régions arctiques étaient auparavant communément désignés
« les Esquimaux » (Eskimos en anglais).
Ce terme ne désigne pas exclusivement l'ethnie inuite puisqu'il inclut également un autre peuple autochtone vivant dans l'Arctique : les Yupiks. Les Inuits de l'Alaska sont appelés Iñupiat. En Alaska, le terme Alaska natives, littéralement « natifs d'Alaska », est préféré pour désigner l'ensemble des peuples autochtones de la région incluant les Iñupiat et les Yupiks puisque ces derniers n'appartiennent pas à l'ethnie inuite. En français, le terme « Inuits » est généralement préféré à celui d'« Esquimaux  », surtout au Canada où ce dernier peut même être considéré comme péjoratif. Au Groenland, les Inuits se désignent comme Groenlandais ou Kalaallit en groenlandais.

L'ethnologue danois William C. Thalbitzer a rapproché les Inuits et leur nom des Aïnous, une ethnie du Japon et de la Russie, et de leur nom sur le radical « innu », d'autant que les mythes fondateurs des deux communautés sont très semblables.

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Cultures néolithiques du Nord-Est de la Sibérie

Le détroit de Béring et les îles Diomède.

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85 km du détroit de Béring et les iles Diomedes

 

Vers 8000 av. J.-C. et durant les 6 000 ans qui ont suivi, au moment où le détroit de Béring était envahi par la banquise, des petits groupes de chasseurs arrivent en Alaska. Il y a de fortes chances que ces gens l'aient traversé sur la banquise pour aller de l'Ancien au Nouveau Monde. Dans cette partie du détroit de Béring, d'après la situation géographique des îles Diomède, il n'y a qu'une vingtaine de kilomètres tout au plus entre deux terres. Donc, seulement trois ou quatre jours de marche ont été nécessaires pour faire le voyage. D'après les fouilles des plus vieux sites alaskans, ces gens étaient de la tradition microlithique de l'Arctique qui est très similaire aux groupes du Néolithique de Sibérie. Ces chasseurs n'ont jamais atteint la côte sud de l'Alaska et les îles Aléoutiennes. Ils se sont plutôt répandus rapidement dans l'Arctique canadien et au Groenland à la poursuite de bœufs musqués et de mammifères marins. Ils apportèrent avec eux une technologie d'outils en pierre taillée qui était totalement inconnue en Amérique, principalement des micro-lames qui sont des petites lamelles de pierre obtenues par percussion. De plus, de minuscules lames triangulaires servant de pointes de projectile constituaient très probablement le premier indice de l'usage de l'arc et de la flèche en Amérique du Nord.

Pointes de fleches

L'origine des peuples anciens peut être retracée par l'étude des langues utilisées par ces derniers et par les caractéristiques physiques des populations concernées. Tous les groupes d'Inuits nord-américains ont des langues apparentées. De plus, les langues inuites ont d'importantes affinités avec celle des Aléoutes, laissant croire qu'elles ont possiblement une même origine. De plus, les langues inuites et aléoutiennes ont un lointain lien de parenté avec les Tchouktches, les Koriaks et les Kamtchadales du Nord-Est de la Sibérie.

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peuple Tchouktches peuple Koriaks peuple Kamtchadales


Les Esquimaux et les Aléoutes ont des phénotypes similaires avec les gens des péninsules Tchoukotka et Kamtchatka. Ils sont désignés comme étant des « Arcto-mongoloïdes ». Le terme « Paléoesquimaux » est employé pour identifier ces groupes de chasseurs d'un lointain passé, mais la relation de descendance avec les diverses cultures inuites qui ont suivi n'est pas aussi claire que ce qui était cru lors des premières découvertes archéologiques.

Peninsules tchoukotka Aleoutes Peninsule du kamtchatka
péninsule Tchoukotka peuple Aléoutes péninsule du Kamtchatka

 

Il semble que plusieurs nappes de peuplement venues d'Asie se soient succédé ou se soient côtoyées en Amérique boréale. Ainsi, les « Paléoesquimaux » des cultures de Saqqaq et de l'Indépendance I, documentés par des vestiges archéologiques dans le Nord du Canada et du Groenland, représentent la plus ancienne expansion humaine dans l'extrême Nord du Nouveau Monde. Toutefois, leur origine et leur relation génétique avec les cultures postérieures ne sont pas connues. Un génome mitochondrial d'un Paléoesquimau a été séquencé en utilisant des cheveux gelés âgés de 3 400 à 4 500 ans excavés d'une installation saqqaq du Groenland. L'échantillon est distinct de ceux des Amérindiens et des Esquimaux modernes. Ce résultat suggère que les premiers migrants dans l'extrême Nord du Nouveau Monde provenaient des populations dans la zone de la mer de Béring et n'étaient pas directement liés aux Amérindiens ou Esquimaux postérieurs, qui les ont remplacés ». L'échantillon paraît par contre très proche de celui des Aléoutes de la région du détroit de Béring et des Sirenikis (en) de Sibérie.

Paléoesquimaux anciens

D'après les dates d'ancienneté analogues des sites de la Tradition des outils microlithiques, allant de l'Alaska au Groenland, il est supposé que les Paléoesquimaux anciens ont envahi les territoires polaires avec rapidité. Ils étaient habiles à exploiter un nouveau territoire au-delà des migrations saisonnières. Ces derniers étaient des chasseurs des forêts nordiques de la Sibérie qui se sont adaptés aux régions de toundra et de banquise.

Tundra coastal vegetation alaska Banquise
Toundra d'Alaska banquise

 

C'était la première phase d'extension territoriale d'une bonne partie de l'Arctique canadien et du Groenland, encore inhabité à cette époque. La similarité de la technologie du Paléoesquimau ancien est frappante d'une région à l'autre. Un degré de cohésion culturelle et de conservatisme est remarqué dans le temps et dans l'espace. Les Paléoesquimaux anciens ont été les premiers à réussir une certaine adaptation malgré les contraintes climatiques de l'Arctique nord-américain, c'est-à-dire un froid glacial, une pauvreté en nourriture d'origine végétale, une disponibilité saisonnière des protéines animales, un nombre limité d'espèces disponibles ainsi qu'une rareté du combustible et des matières premières essentielles.

Arc et fleche lance inuit

Au départ, ils ont peut-être été attirés par les troupeaux de caribous et, une fois sur place, ils auraient découvert les bœufs musqués et les phoques des côtes arctiques. La défensive en ligne ou en cercle utilisée par ces bêtes se transformait en avantage pour des chasseurs qui possédaient des chiens. L'immobilité du troupeau ainsi pris au piège permettait aux hommes de s'approcher des bêtes, facilitant l'utilisation de l'arc ou de la lance. Une fois la viande débitée, elle était empaquetée dans les peaux et transportée vers les campements. En fait, la chasse au bœuf musqué était très possiblement beaucoup plus facile que la chasse à la baleine et au morse. Durant l'été, la diète était complétée avec des oiseaux migrateurs, des œufs, des lièvres arctique et des poissons anadromes.

 

Anadrome ou potamotoque  /  Catadrome ou Thalassotoque

Les poissons anadromes ou potamotoques sont donc des poissons migrateurs qui vont naître et se reproduire en rivière. Les alevins vont croître jusqu’au une certaine taille avant d’opérer un changement métabolique qui va les pousser à migrer pour rejoindre le milieu marin. Ces « adolescents » vont se nourrir dans le milieu salin jusqu’à l’âge adulte. À maturité sexuelle, les adultes vont revenir en milieu d’eau douce pour se reproduire. L’exemple le plus connu d’espèces de poissons anadrome sont les espèces de saumon (saumon atlantique et les 5 espèces de saumons du pacifique), mais il existe plusieurs autres espèces potamotoques. 

Les poissons catadromes ou thalassotoques sont aussi des poissons migrateurs. Le même processus s’opère mais, à l’inverse des poissons anadromes, ils naissent et se reproduisent en mer et rejoignent le milieu aquatique d’eau douce pour se nourrir jusqu’à l’état adulte et la maturité sexuelle qui les poussera à migrer en eau salée pour se reproduire. L’exemple le plus connu d’espèce de poisson catadrome est l’anguille d’Amérique. Au Québec, à ma connaissance, l’anguille d’Amérique est la seule et unique espèce catadrome.

Cycles ana cata


 

Caribou 1 Boeufs musque
Caribou Boeuf musqué
Chien inuit
Chien de race Inuit
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Phoque (bébé) Morse
Baleine 1
Baleine et son petit
Lievre arctique Saumon
Lièvre artique Saumon poisson Catadrome


Rien ne laisse croire qu'ils possédaient des bateaux et des traîneaux à chien, ils se seraient donc déplacés à pied sur cet immense territoire de 5 000 km d'ouest en est et 3 000 km du sud au nord. De plus, l'igloo et la lampe à huile en stéatite (pierre à savon) étaient absents à cette époque, ce qui devait rendre la vie assez rude et précaire.

Les outils de pierre retrouvés dans les campements de la Tradition microlithique de l'Arctique sont des produits de facture complètement différentes des traditions antérieures de l'Alaska mais très similaires à ceux des Néolithiques de Sibérie. Tout cet outillage était extrêmement petit. Il comprenait des micro-lames, des burins pour le découpage des os, de minuscules lames triangulaires servant de pointes de harpon et de flèche. Des rencontres possibles avec des Indiens de l'Archaïque maritime du Labrador leur ont permis de découvrir le harpon à tête détachable qui est très efficace pour la chasse au phoque et au morse. Cette nouveauté se répandit d'un bout à l'autre de l'Arctique et améliora de façon tangible les activités de subsistance. Des recherches par des archéologues danois démontrent que les trois formations de cette époque, Indépendancien, Saqqaquien et Prédorsétien, sont en réalité trois cultures régionales, légèrement décalées dans le temps mais provenant d'une même culture microlithique. Trois variantes de la Tradition microlithique de l'Arctique ont été découvertes dans le Grand Nord canadien et groenlandais : l'Indépendence I du Haut-Arctique, les Saqqaqiens du Groenland et la culture prédorsétienne des îles et des côtes du Bas-Arctique.

 

 

 

Culture d'Indépendance

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Pearyland Eigil Knuth 1903-1996


Dans l'extrême Nord de la calotte glaciaire du Groenland, sur les rives du fjord Indépendance (Terre de Peary), Eigel Knuth, en 1948, découvre les restes de la population la plus septentrionale du globe qui vivait dans la région la plus isolée et désolée de tout l'Arctique. Ces vestiges de campements, situés sur les paliers de plage les plus hauts, donc les plus anciens, remonteraient selon la datation au radiocarbone entre 2000 et 1 700 ans av. J.-C. On a retrouvé plus tard des sites d'occupations semblables dans d'autres endroits du Nord du Groenland ainsi que sur les îles d'Ellesmere, Devon et Cornwallis dans le Haut-Arctique canadien. Dans le Nord du Groenland et sur l'île d'Ellesmere, les gens de l'Indépendance I semblent avoir chassé le bœuf musqué principalement. En revanche, sur l'île Devon, on a trouvé de bonnes quantités d'os de phoque, de morse et d'ours polaire. Comme les Esquimaux polaires du xixe siècle, les gens d'Indépendance I ne chassaient que très peu le caribou. À cause de cette particularité, on pense que leurs vêtements étaient plutôt confectionnés de peaux de bœuf musqué, d'ours polaire, de renard, de lièvre ou d'oiseaux. À titre d'exemple, le caribou étant totalement absent des îles Belcher à l'arrivée des premiers étrangers, les habitants de Sanikiluaq s'habillaient d'anoraks confectionnés entièrement de peaux d'oiseaux.

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ìle d'Ellesmere ile de Devon île de Cornavalis île Belcher
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village de Sanikiluaq

 

Les campements sont formés de une à quatre tentes familiales, munies d'un foyer ouvert au centre avec des espaces de couchage de chaque côté. Chaque tente pouvant abriter quatre à six personnes, un village regroupait donc vingt à trente résidents. Les petites quantités de charbon de bois (saule arctique et bois flotté) et d'os carbonisés laissent croire que le feu était un luxe très occasionnel. Ils ne construisaient pas d'igloo et ne possédaient pas de lampe à huile. Leurs tentes étaient probablement couvertes de lourdes peaux de bœuf musqué soutenues par des poteaux de bois flotté.

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Campement Inuit dans le Nunavut


Les outils fabriqués d'éclats de pierre, les micro-lames, les burins pour travailler l'andouiller et l'ivoire, les grattoirs pour préparer les peaux et les pointes de projectiles sont vraiment de facture néolithique. Il n'y a aucune ressemblance avec l'outillage inuit plus récent. Ils ne connaissaient pas le traîneau à chiens et ne fabriquaient pas d'embarcations pour se déplacer. En conclusion, bien que l'on sache peu de chose sur la vie des petits groupes de l'Indépendance I, il est supposé qu'ils ont sûrement eu une vie très difficile où la famine revenait régulièrement durant les longues nuits polaires et le froid intense de l'extrême Nord du Canada et du Groenland. La majorité des matières premières retrouvées dans les sites d'occupation est de provenance locale. Il y a peut-être une exception avec des os de morse échangés avec des gens vivant sur les rives entourant la polynie du Nord.

Les polynies Poeynie
 polynies

 

Culture prédorsétienne

L'occupation des premières populations de la Tradition microlithique de l'Arctique se concentre principalement dans la région au nord de la baie d'Hudson, sur la rive nord du détroit d'Hudson et autour du bassin de Foxe. Les régions méridionales de l'archipel arctique canadien étaient beaucoup plus riches en ressources alimentaires que le Haut-Arctique. Dans la région d'Igloulik, un site daté au radiocarbone indique qu'il est vieux de 3 900 ans. C'est en 1000 av. J.-C., que les Prédorsétiens traversent dans l'arctique québécois (Nunavik) par les îles Nottingham et Salisbury pendant que les Dorsétiens occupent les îles du Haut-Arctique et la côte nord-ouest du Groenland.

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Baie d'Hudson Bassin de Foxe


Bien qu'il y ait plusieurs similitudes entre l'outillage des Prédorsétiens et ceux de l'Indépendance I, la ressemblance est encore plus prononcée avec les groupes microlithiques de l'Alaska. Ces derniers auraient quitté leurs territoires alaskains pour se répandre dans une grande partie du Bas-Arctique oriental, quelques siècles après les groupes d'Indépendance I. À l'inverse de ces derniers, les campements des Prédorsétiens semblent avoir été utilisés sur plusieurs générations. On y a même trouvé lors de fouilles, de petites lampes à huile qui devaient servir à brûler de la graisse pour donner de la lumière et un peu de chaleur. On a aussi trouvé des cercles de détritus qui permettent de penser qu'ils se construisaient des igloos bien qu'aucun couteau à neige n'ait encore été trouvé. Ils avaient également des chiens sans le traîneau et que l'arc et la flèche faisaient partie des armes de chasse.

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  Village d'Igloolik

 

Culture Saqqaq du Groenland

 

Le Saqqaquien est la culture que l'on retrouve principalement dans la région de Saqqaq et Sermermiut sur la côte ouest et sud-est du Groenland. Le territoire s'étend du district de Thulé au nord jusqu'au district de Nanortalik au sud. Du côté est, de la pointe sud de l'île jusqu'à la baie Scoresby (en) vers le nord. Il semblerait qu'un nombre assez important d'individus ont occupé cette riche région côtière du Groenland. Leur mode de subsistance reposait principalement sur le caribou et les petits mammifères marins. Les fouilles démontrent qu'ils exploitaient toutes les niches écologiques disponibles. Des ossements d'au moins 45 espèces de vertébrés ont été retrouvés ainsi que les restes de mollusques. Par l'examen des outils, ils chassaient la baleine, le phoque, les mammifères terrestres, les oiseaux en grand nombre et le poisson en y incluant la morue et l'omble chevalier.

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Village de Saqqaq
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Village de Sermermiut


Les sites archéologiques saqqaquiens démontrent qu'il existait un large éventail d'habitations allant de la double maison semi-souterraine avec passage commun jusqu'à la simple tente. Pour la fabrication de l'outillage, ils utilisaient plusieurs sortes de pierres locales, du bois, des os, des andouillers, de l'ivoire et des peaux. Les pierres de taille étaient sûrement la matière première d'échange entre les Saqqaquiens. Le bois de dérive, les andouillers et l'ivoire ont aussi été objets de commerce entre les diverses régions habitées de ce groupe culturel. Lorsque les Saqqaquiens disparaissent du Groenland, ils sont remplacés par les gens d'Indépendance II.

Outils 2
1 : Racloir sur canine de sanglier. 2 : Incisive de suidé emmanchée dans un segment d’andouiller. 3 : Hémi-mandibule de castor. 4 à 7 : Biseaux sur éclats d’os long. 8 : Biseau à épiphyse. 9 et 10 : Pointes à épiphyse diverse. 11 et 12 : Pointes à poulie. 13 : Pointe fine à épiphyse. 14 et 15 : Pointes sur esquille osseuse. 16 : Pointe sur fragment osseux. 17 : Pointe plate sur côte refendue. 18 : Manche sur segment d’andouiller. 19 et 20 : Biseaux sur extrémité d’andouiller. 21 : Pointe sur extrémité d’andouiller. 22 : Cylindre court perforé. 23 : Biseau sur andouiller perforé. 24 : Retouchoir sur baguette corticale. 25 : Merlin. 26 : Gaine à perforation transversale. 27 : Gaine à ergot. 28 : Gaine à ailette. 29 : Gaine simple à tenon. 30 : Gaine à douille.

 

 

 

 

 

 

Culture de Denbigh en Alaska

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James-Louis Giddings 1909/1964


Les gens de Denbigh vécurent dans le Nord de l'Alaska, il y a 5 000 ans (A.A.). Ils vivaient dans la toundra à la poursuite d'animaux pour la nourriture, les vêtements et les abris. En 1948, l'archéologue américain Louis Giddings excave au Cap Denbigh (Alaska), sur la côte de la mer de Béring, des microlames de chaille et d'obsidienne qui ressemblaient à celles trouvées précédemment dans le désert de Gobi (Paléo et mésolithique asiatique). Giddings remarque également que les pointes de projectiles ont des similitudes avec celles des Paléoindiens et des cultures archaïques du Nouveau Monde. Le nom de cette culture, comme beaucoup d'autres d'ailleurs, vient donc de la situation géographique de cette première découverte.Ils passaient l'été sur les côtes de la mer de Béring et durant les autres saisons, à l'intérieur des terres à la recherche de caribou et de poissons anadromes.

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Mer de  Béring et Cap Denbigh


Ce groupe culturel est connu pour ses outils de pierre taillée comme les grattoirs, les pointes de projectile, les outils pour le travail de l'os, les lames et les gouges. Le Denbighien est très proche culturellement des trois autres entités nommées les Paléoesquimaux anciens précédemment décrits. Les origines exactes de cette culture ne sont pas très bien connues. La technologie microlithique a sûrement pris racine dans la tradition paléolithique de l'Alaska et plus sûrement dans la culture paléosibérienne. Toutefois, les Denbighiens sont les ancêtres de toute une série de cultures alaskaines : Baleinières anciennes, Choris et Norton.

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outils préhistoriques grattoirs 
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microlame en Obsidienne pointes de flèches en Chaille
Gouge prehistorique en basalte Baleiniere
Gouge préhistorique en basalte Gravure d'une Baleinière

 

Paléoesquimaux moyens

Le terme « paléoesquimau moyen » est utilisé comme expression générique regroupant plusieurs cultures régionales s'étendant de l'île d'Ellesmere à Terre-Neuve et du delta du fleuve Mackenzie jusqu'au Groenland. Ce sont les Paléoesquimaux moyens qui ont envahi l'Arctique, une fois de plus. Une différence majeure entre les Paléoesquimaux anciens et moyens a été l'abandon des territoires de l'intérieur des terres de l'Alaska et du Kivalliq. Ils délaissèrent la chasse au caribou et intensifièrent la chasse aux mammifères marins sur la banquise. Le refroidissement climatique de l'époque a sûrement eu un effet négatif sur les populations de caribou. Le plus grand impact que le refroidissement du climat a eu sur les gens s'est surtout manifesté par la manière avec laquelle il a influencé les conditions de banquise et les plans d'eau libre de glace que sont les polynies.

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île d'Ellesmere dans le Nunavut
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Delta du fleuve Mackenzie en été
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Delta du fleuve Mackenzie en hiver


Les abris des Paléoesquimaux moyens vont de la tente de peaux à des structures rectangulaires semi-souterraines avec foyer central. Les groupes familiaux étaient sûrement petits et très mobiles, vraisemblablement organisés en bandes locales, qui à leur tour, étaient apparentées par le sang avec les bandes voisines. Les outils en pierre ont une taille typiquement minuscule et ils étaient façonnés avec un soin méticuleux. On compte une grande variété de burins, la plupart comportant un tranchant poli. Ces derniers semblent avoir servi à une grande variété de fonctions : couper, creuser, graver et, comme ils étaient toujours façonnés de pierre très dure comme le chert(?) et la néphrite, ils étaient idéalement appropriés pour la fabrication d'instruments en ivoire, en andouiller et en os. Les microlames peuvent ne pas être présentes ou abondantes dans les sites du Paléoesquimau moyen. Dans les endroits comportant des conditions favorables à la conservation du bois, des micro-lames ont été trouvées insérées dans des manches. Leur fonction principale aurait été de servir de couteaux pour trancher la viande ou tailler les peaux pour les vêtements. On croit généralement que les pointes trouvées sur place ont pu servir sur des têtes de harpon plutôt que sur des flèches. Il y avait une grande variété de grattoirs, de couteaux et d'herminettes. Les instruments importants en os et en ivoire sont les aiguilles avec un chas creusé au lieu d'être perforé à la mèche et une variété de harpons à tête basculante. Des objets d'art en ivoire, en os, en bois et en stéatite sont présents en nombre croissant. Le chamanisme pratiqué par ces gens se reflète fortement dans la sculpture de l'ivoire de morse, de l'andouiller de caribou, de l'os, de la stéatite et du bois.

 

 

Culture de l'Indépendance II

Les terres dénudées du Nord du Groenland et du Haut-Arctique canadien avaient été abandonnées par le groupe d'Indépendance I vers 1700 av. J.-C. Ce n'est que 700 ans plus tard, vers 1000 av. J.-C., qu'une deuxième culture que l'on nommera Indépendance II arrive dans ces régions. Sur la Terre de Peary, le bœuf musqué était le principal mammifère terrestre disponible, le caribou en était totalement absent. Il ne faut pas oublier que cette région très nordique est un rude désert de pierres. Dans les lacs de l'intérieur, des ombles chevaliers pouvaient être capturés et de nombreux oiseaux migrateurs visitaient la région durant la belle saison. Sur la côte du fjord Indépendance, on pouvait trouver quelques ours polaires, des morses, des phoques annelés et parfois des narvals.

Un phoque annele

phoque annelé


Les habitations des Indépendanciens II sont principalement des tentes de peaux. Il n'y a pas de structures solides et aucune lampe en stéatite pour le chauffage et l'éclairage n'a été trouvé. L'espace à l'intérieur des tentes est conçu pour quatre à six personnes et une tendance indique qu'un rassemblement de quatre à six tentes formait un clan. On peut affirmer que vingt à quarante personnes voyageaient et chassaient ensemble. Considérant la pauvreté en ressources de la région, il ne semble pas y avoir eu beaucoup de commerces ou d'échanges. D'après la disposition en chapelet des campements sur les plages et la forme des habitations, il y a de grandes similitudes entre Indépendance I et II. C'est dans les pointes de harpon et autres outillages lithiques qu'on remarque une différence notable. Ces objets de pierre taillée ressemblent plutôt à ceux des Prédorsétiens des îles Cornwallis, Bathurst, Devon et Ellesmere qu'à ceux d'Indépendance I de la Terre de Peary. En résumé, on peut facilement penser qu'il y a eu une double influence (Prédorsétien et Indépendance I) dans la culture des gens d'Indépendance II.

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Fjord Independence

 

Culture dorsétienne

Le monde des Dorsétiens s'étendait à l'ouest de l'île Banks jusqu'à Ammassalik (Groenland) à l'est et du district de Thulé (Groenland) au nord à Saint-Pierre-et-Miquelon au sud.

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île Banks village de Tassilaq île d'Ammassalik


Des sites d'occupations ont été découverts autour de la baie d'Hudson, au Labrador et à Terre-Neuve. La culture dorsétienne avait atteint son apogée entre 500 et 1000 apr. J.-C., au moment où elle occupait la plupart des régions nordiques et que son art unique avait acquis un très haut niveau de développement artistique. Les Dorsétiens ont disparu de l'île de Terre-Neuve entre 500 et 1000 apr. J.-C., dans le Haut-Arctique, c'est vers l'an 1000 tandis que dans l'Arctique québécois, on a retrouvé des sites datés jusqu'à 1400 apr. J.-C. C'est Diamond Jenness, un ethnologue des Musées nationaux du Canada qui identifia certains artefacts en provenance de Cape Dorset (Nunavut) comme étant différents des objets thuléens. Il donna donc le nom de Dorset à cette nouvelle culture encore inconnue à cette époque (1924).

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Diamond Jenness 1886/1969 
anthropologue


L'étude des sites dorsétiens démontre, sans l'ombre d'un doute, que ces derniers étaient beaucoup mieux adaptés à leur environnement que leurs ancêtres Prédorsétiens. Ils passaient le printemps et l'été à chasser les morses qui s'aventurent sur la grève, à harponner le phoque depuis la banquette côtière ou sur l'eau, à l'aide de kayaks. Plus tard, ils se rassemblaient en groupes dans les endroits où l'on trouvait en grand nombre l'omble chevalier et le caribou dans leurs migrations annuelles. Ensuite, ils devaient passer l'automne dans des maisons semi-souterraines en attendant que la glace se forme. Certaines familles demeuraient dans ces maisons de terre pour le reste de l'hiver, mais la plupart des Dorsétiens se rassemblaient dans des villages d'igloos sur la banquise où ils chassaient le phoque près des trous de respiration.

Village d igloo
village d'igloo et  trou de pêche


Entre 1000 et 500 av. J.-C., de nouveaux types d'habitations voient le jour, l'usage des microlames se répand, les couteaux et les pointes d'armes en silex possèdent des encoches latérales pour fixer un manche, de plus, les bols et lampes en stéatite font leur apparition. Les couteaux à neige et les dessous de patins de traîneau en ivoire indique qu'une nouvelle technique de chasse sur la banquise devient plus commune. Pour ce qui est des habitations semi-souterraines qu'ils construisaient, elles s'enfonçaient de plusieurs centimètres dans le sol. De forme rectangulaire, elles étaient parfois assez grandes pour loger jusqu'à quatre petites familles. Une aire de travail au centre, bordée de deux banquettes de couchage, était la disposition intérieure usuelle. Les murs et le toit étaient supportés par une charpente de bois de flottage, de côtes de baleine et d'andouiller de caribou recouverts de peaux usagées, de mottes de tourbe, de terre et de pierre. Quant aux tentes d'été, elles auraient eu également une forme rectangulaire et l'aménagement intérieur était très semblable aux maisons de terre.

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lampe en stéatite couteau à neige grattoir
Pelle a neige Patin en ivoire de narval 5ff9b9a1 9315 4bea 936c 593b0ada1381
pelle à neige en peau et bois d'andouiller patin de traineau en ivoire de narval gravure de traineau et attelage


Contrairement aux Prédorsétiens, les populations de la culture dorsétienne construisaient des méga-structures (maisons longues) pouvant abriter de vingt-cinq à deux cents personnes pendant certaines périodes de l'année, principalement l'été et l'automne. Ces rassemblements servaient sûrement à créer une identité commune aux divers groupes qui vivaient habituellement séparés. Il semble que la principale matière d'échanges étaient certaines pierres qui servaient à la fabrication de l'outillage. Il faut savoir que toutes les régions du Nord ne sont pas pourvues uniformément en matériel lithique et minéral. À titre d'exemple, la côte nord-ouest du Groenland possédait du fer météorique et du fer tellurique tandis que la région de Coppermine, du cuivre natif. Parmi les diverses hypothèses de l'extinction des Dorsétiens, on peut citer la famine causée par le réchauffement climatique du xie siècle, le meurtre par les nouveaux arrivants que sont les Thuléens ou bien, la possibilité d'une assimilation totale avec ces derniers, puis finalement, l'arrivée des Norrois, avec leurs lots de microbes européens. C'était la fin des Tuniits, nom donné aux Dorsétiens par les Thuléens qui les ont remplacés.

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plan d'une maison longue Dorsétienne
Reconstitution artistique de la maison longue imaha ii a aux cotes du plan de la maison
autre plan d'une maison longue Dorsétienne
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Vestiges archéologique d'un emplacement d'une maison longue Dorsétienne

 

 

 

 

Cultures esquimaudes d'Alaska

Pendant que les Paléoesquimaux développaient leur culture dans le Canada arctique et au Groenland, une évolution fort différente se poursuivait en Alaska dans la région du détroit de Béring. De son côté, les îles Aléoutiennes ont connu un développement graduel qui a débouché sur la culture des Aléoutes d'aujourd'hui. La côte pacifique de l'Alaska, quant à elle, a connu une évolution technologique basée sur l'ardoise polie qui a pu être à l'origine des cultures esquimaudes de cette région. Les côtes nord et ouest étaient occupées par des gens de la Tradition des outils microlithiques de l'Arctique, la même culture que ceux de l'Arctique canadien. Vers 1000 av. J.-C., il y a un arrêt de plusieurs siècles dans l'activité humaine en Alaska. Après cette pause, apparaît une série de groupes comme les cultures Baleinières anciennes, Choris et Norton qui sont un complexe mélange de microlithisme de l'Arctique, de culture de la côte du Pacifique et de groupes du Néolithique de la Sibérie orientale de la même époque.

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Chapelet des 300 iles Aléoutienne Inuits Aléoutes


Cultures baleinières anciennes

Nous savons très peu de choses sur les cultures baleinières anciennes. En fait, il n'y a qu'un seul village de cinq maisons qui a été découvert au cap Krusenstern, au nord du détroit de Béring. Il y avait des os de phoque dans les maisons et des os de baleine étendus sur les plages environnantes. On peut considérer cette culture comme une tentative éphémère de mixité, des Aléoutes peut-être, des Esquimaux ou des Amérindien.

Culture de Choris

Les gens de la culture de Choris vivaient dans de grandes maisons semi-souterraines ovales et chassaient le phoque et le caribou. Ils fabriquaient aussi des outils de pierre taillée qui rappellent passablement ceux de la Tradition microlithique de l'Arctique. Comme pour les cultures baleinières anciennes, l'origine des gens de Choris reste nébuleuse pour l'instant. Ces petits groupes de chasseurs étaient peut-être des Esquimaux du Sud de l'Alaska, ou des Aléoutes qui migrèrent vers le nord, ou des Amérindiens qui avaient adopté des coutumes esquimaudes, voire des immigrants sibériens.

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vestige d'une maison semi-entérée


Culture de Norton

Encore ici, on sent un curieux mélange de Tradition des outils microlithiques de l'Arctique et de cultures néolithiques sibériennes. Comme il est possible de suivre les traces de la culture de Norton jusqu'à aujourd'hui, il est certain que les Nortoniens étaient des Esquimaux. En réalité, ce sont les ancêtres des Inuits historiques et modernes de l'Alaska, du Canada et du Groenland.

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kayak de culture Norton


Culture de Punuk

La grande majorité des outils en pierre taillée avait été remplacé par de l'ardoise polie. La principale innovation technique de la culture de Punuk est la grande tête de harpon pour la chasse à la baleine. La carcasse d'une baleine boréale pouvait fournir à une communauté tout entière plusieurs tonnes de viande et de graisse. Dès ce moment, il y eut un important accroissement démographique dans la partie septentrionale de l'Alaska. C'est la culture béringienne ancienne qui donna naissance à la culture de Punuk. Ces derniers ont perpétué la tradition et l'ont même améliorée aux contacts des peuples de la Sibérie de l'Âge du fer. Ces grands chasseurs de baleine sont les ancêtres immédiats de tous les Inuits de l'Arctique canadien et du Groenland.

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Pointe de HARPON en ivoire marin, gravé, belle patine brune. A l'origine, une lame de pierre était insérée à l'extrémité en forme de bec. INUIT, 


Culture béringienne ancienne

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Cap Dorset péninsule de Foxe Nanortalik point sud du Groenland


Le développement le plus connu de la culture de Norton est la culture béringienne ancienne qui est apparue sur la côte orientale de la péninsule de Tchouktka (Sibérie) et sur l'île Saint-Laurent (Alaska). L'invention majeure de cette culture fut le harpon à flotteur. Grâce à ce dernier, les populations de la culture béringienne ont pu chasser de plus gros mammifères marins à bord de leurs embarcations (kayak et oumiak). Le flotteur (avataq), fait d'une peau de phoque gonflée, permettait d'épuiser l'animal et l'empêchait de couler, une fois mort. Le phoque et le morse semblent avoir été la nourriture principale de ces Esquimaux. À noter que l'ivoire de morse constituait la matière de base d'une grande partie de leur technologie. Ils en fabriquaient des lunettes à neige, des crampons à glace, des imitations de nageoires de phoque pour attirer l'animal, des arcs, des pointes de flèche et l'important bouchon du flotteur. Dès cette époque, de nouveaux villages permanents voient le jour le long des côtes de la mer de Béring. Ils sont constitués de maisons semi-souterraines recouvertes de peaux et de plaques de gazon. Elles étaient munies d'un porche coupe-froid et étaient chauffées par des lampes à huile en poterie. Ils cuisinaient également dans des marmites de céramique. En résumé, ces gens disposaient d'une technologie assez développée pour leur assurer une relative abondance alimentaire et un certain confort dans leurs maisons très bien isolées et chauffées.

Kayak ile de belcher Oumiak mackenzie Clothing crampons walkice
kayak de l'ile de Belcher oumiak Mackenzie crampons à glace en ivoire de morse
Lunette a neige Lampe a huile inuit Tete de harpon bering
Lunette à neige en ivoire de morse lampe à huile pour éclairage et pour le chauffage tête de harpon

 

 

Culture thuléenne (1000 à 1600)

Vers 1000 apr. J.-C., des chasseurs de baleine (Punuk) du Nord de l'Alaska se déplacent vers l'est. Ils voyagent probablement en oumiak (grand bateau fait de peaux cousues) et atteignent le Groenland par le Haut-Arctique en très peu de temps. On considère les Thuléens comme étant les représentants de la troisième et dernière vague de migrations de populations de l'Arctique canadien et du Groenland. Ces importants déplacements sont très possiblement liés au réchauffement climatique (réchauffement médiéval) qui affecta tout l'Arctique à cette époque. En poursuivant la baleine boréale, en plus du Groenland, les Thuléens se sont répandus dans l'ensemble de l'archipel arctique et autour de la baie d'Hudson. Cette culture porte ce nom parce que c'est sur la côte nord-ouest du Groenland, près de la communauté de Thulé que l'on a identifié pour la première fois de vieilles maisons de type thuléenne.

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Cairn de la baie de Rankin (Cairn ou monticule ou tumulus ou pyramide de pierre)

Les membres de la culture de Thulé sont les ancêtres de tous les Inuits canadiens actuels.

Ils sont arrivés en Alaska autour de l'an 500[réf. nécessaire], puis au Nunavut vers l'an mille et un groupe émigra ensuite vers le Groenland au xiiie siècle. Les liens entre la culture de Thulé et les Inuits sont à la fois biologiques, culturels et linguistiques.

Ils doivent leur nom de à la localité de Thulé, au nord-ouest du Groenland, maintenant déplacée à Qaanaaq, où des restes archéologiques ont été trouvés pour la première fois, localité elle-même nommée par les Danois en allusion à l'île semi-légendaire de Thulé mentionnée par l'explorateur grec Pythéas à l’extrême-nord du monde connu.

En dehors des éventuels contacts avec les Vikings, ils étaient en contact avec des peuples d'Eurasie (on a retrouvé ainsi des objets en métaux venant d'Asie, tels une ceinture peut-être utilisée pour des chevaux, dans un village du Cap Espenberg de la péninsule de Seward, en Alaska actuel) 1). Ils sont ensuite entrés en contact de manière plus importante avec les Européens au xviiie siècle.


Comme énoncé précédemment, la baleine boréale de l'Alaska (Ouest) et celle du Groenland (Est) étaient la ressource principale de ces populations. Cependant, elles utilisaient également le phoque, le caribou ainsi que le poisson comme ressources alimentaires. Dans la région d'Igloulik, ils firent aussi la découverte de nombreux troupeaux de morses. En réalité, ces grands chasseurs de baleine sont devenus, au cours de leurs migrations vers l'est, des chasseurs polyvalents. Malgré tout, la baleine demeurait la principale source de nourriture et de combustible. Ces grands mammifères marins permirent aux Thuléens de mener une vie passablement sédentaire de sorte que les populations ont rapidement augmenté. De plus, pour des raisons diverses, une scission pouvait survenir dans un groupe et un nouveau campement apparaissait en quelques jours seulement. C'est ce qui expliquerait la rapide extension de leurs territoires d'occupation. Pour se nourrir et se vêtir, les Thuléens chassaient aussi des animaux terrestres comme le caribou et le bœuf musqué. Quant à lui, le poisson était pêché au trident (karkivak). Les prises étaient dépecées à l'aide d'un couteau d'ardoise, en forme de demi-lune, que l'on appelle « ulu ».

Karkivak Bleine boreale Ulu poignee en os
trident Karkivak baleine boréale couteau "Ulu"


En plus de la viande et de la graisse, les baleines fournissaient aux Thuléens leurs os comme matériau de construction. Pour construire des habitations de terre semblables à celles de l'Alaska, les Thuléens devaient utiliser les os, principalement les côtes et maxillaires de baleine, comme armature pour le toit. L'ensemble était recouvert de peaux et d'une épaisse couche de tourbe et de terre. Ces maisons d'hiver semi-permanentes, très bien isolées et chauffées, devaient être passablement confortables. La nourriture et le combustible pour les lampes venaient des caches environnantes, recouvertes de lourdes pierres pour protéger son contenu des chiens, des loups, des renards et des ours. Pendant l'été, tout le groupe emménageait dans des tentes de peaux. De plus, ces gens construisaient un autre type d'habitation hivernale complètement inconnu en Alaska : l'igloo. Ils auraient inventé cette technologie mais auraient emprunté aux Dorsétiens l'utilisation de la stéatite dans la fabrication des lampes à huile. Ils ont également perfectionné l'usage et la construction des traîneaux. Des harnais pour chiens apparaissent dans les sites thuléens du Canada à cette époque. Les villages des premiers Thuléens comptaient seulement quelques maisons d'hiver et moins d'une cinquantaine d'occupants. Cette organisation de la société thuléenne devait se regrouper autour d'un vieil homme qui possédait le savoir et l'expérience. Le reste du groupe comprenait les fils du vieil homme et leurs familles, les familles d'autres parents masculins et parfois, les familles de ses filles. En résumé, on peut aujourd'hui affirmer que l'économie des Thuléens était basée sur la chasse aux mammifères marins comme la baleine et le phoque.

01538010 igloo

Certains éléments de technologie issus de la culture dorsétienne laissent penser qu'il y a eu certains contacts entre ces deux groupes. En revanche, plusieurs légendes inuites racontent qu'il y a eu combat avec les Tuniits (Dorsétiens) et qu'ils ont été chassés des meilleurs territoires de chasse. C'est dans le Québec arctique que sont retrouvés les sites dorsétiens les plus récents (1400 apr. J.-C.) et c'est cette même région qui connut l'arrivée la plus tardive des groupes de Thuléens. Après plusieurs fouilles de sites thuléens, il est prouvé qu'au Groenland, ces populations faisaient commerce avec les populations résidentes en provenance des pays nordiques et qu'au Labrador, des échanges se faisaient avec les baleiniers basques, écossais et américains ainsi qu'avec les missionnaires.

L'archéologie confirme que les Thuléens sont les derniers arrivants de l'Arctique canadien et du Groenland et que leurs ancêtres, il y a deux ou trois mille ans, vivaient sur les côtes de l'Alaska et de la Sibérie. Les Thuléens sont considérés, sans l'ombre d'un doute, comme étant des Inuits. Il est presque certain que ces gens parlaient l'inuktitut, un dialecte esquimau très semblable à celui utilisé encore aujourd'hui par les autochtones du Grand Nord. Cependant, il semble que les us et coutumes thuléens d'origine semblent avoir été plus riches, plus sophistiqués et plus uniformes que les cultures inuites subséquentes.

Changements climatiques et culturels

Le petit Âge glaciaire (1600 à 1850) a forcé les Thuléens à se diviser en de multiples cultures locales s'adaptant au nouvel environnement des différentes régions arctiques. L'occupation du Labrador par les Inuits remonte au xvie siècle. Dès cette époque, ils rencontrèrent des chasseurs amérindiens et des pêcheurs européens qui exploitaient déjà la partie méridionale de cette côte. En 1770, lorsque les Moraves arrivèrent au Labrador, ces derniers relatent que les Inuits locaux chassaient encore la baleine. Les mauvaises conditions climatiques se faisaient possiblement moins sentir dans cette région relativement plus au sud que les autres régions nordiques.

Inuit missionaire morave
Missionnaire Morave rencontre les Inuits du Labrador vers 1820


Quant à eux, les gens qui habitaient le Sud et l'Est de l'île de Baffin ont continué à vivre la culture thuléenne jusqu'à l'arrivée des baleiniers américains et écossais au cours du xixe siècle. Toutefois, il est bon de signaler que les Inuits du Sud de Baffin comme ceux du Labrador et du Québec ont quitté leurs maisons individuelles pour de grandes maisons multifamiliales. Plus on s'approche de l'Arctique central, plus on découvre des groupes culturels différents de leurs ancêtres thuléens. C'est au cours de la petite période glaciaire que les Inuits d'Igloolik (Igloolik veut dire : là où il y a des maisons) quittèrent leurs maisons de terre permanentes pour s'installer sur la banquise dans des villages d'igloos. L'été, ils retournaient sur la côte pour chasser les mammifères marins à l'aide de kayaks et à l'intérieur des terres pour la chasse au caribou ou pour pratiquer la pêche à l'omble chevalier.

Ile de Baffin
Baffin island banner

Quant aux Barren Grounds, à l'ouest de la baie d'Hudson, ces territoires étaient occupés par des Inuits qui subsistaient grâce au caribou et au poisson. En résumé, ils accaparèrent les terres abandonnées par les Tchipewyans à la suite d'une épidémie en 1780. Avant cette date, les Inuits du caribou d'aujourd'hui étaient de culture maritime comme celle des Thuléens d'autrefois. Entre 1200 et 1500, les Thuléens arrivent dans la région de la baie Pelly et des golfes Dolphin et Union. Vu l'absence de grands mammifères marins dans cette région, ils n'ont d'autres choix que de s'adapter à la chasse aux phoques sur la banquise. Pour les Inuits du cuivre (Kugluktuk), ils continuèrent de passer l'hiver dans des habitations de pierre, de terre et de bois flotté semblables à celles de leurs ancêtres. En résumé, la technologie des Inuits de l'Arctique central semble simpliste, rustique et adaptée à une nouvelle vie de nomade.

Barren grounds
Barren Grounds (terre aride)


Pour ce qui est de la mer de Beaufort et du fleuve Mackenzie, les gens de l'endroit avaient un mode de vie semblable aux gens du Nord de l'Alaska. L'hiver, ils s'abritaient dans de grandes maisons de bois flotté, ils se servaient de lampes à huile, portaient des labrets aux lèvres et aux joues et se déplaçaient en oumiak. Dans ce coin de l'Arctique de l'Ouest, les changements environnementaux et culturels ont été moins perceptibles qu'ailleurs.

Pour terminer, le Haut-Arctique avait été abandonné durant le refroidissement. Les groupes de la région ont dû mourir de faim ou sont partis rejoindre leurs parents sur la côte nord-ouest du Groenland.

Il est certain que les Inuits d'aujourd'hui ont hérité du patrimoine génétique et culturel des Thuléens. Les premiers explorateurs de l'Arctique décrivent que les Inuits rencontrés n'étaient pas de culture maritime mais plutôt une multitude de groupes culturellement différents d'une région à l'autre. La véritable culture thuléenne avait disparu. Il semble que toutes ces mutations ont été provoquées par d'importants changements environnementaux lors de la petite période glaciaire. L'isolation pendant plus de trois mille ans, combinée à un environnement des plus extrêmes a produit une culture humaine unique.

Arrivée des Européens

Dans les sociétés dites primitives ou traditionnelles, la prostitution est inconnue. On note seulement, chez certaines d'entre elles, des pratiques d'hospitalité sexuelle. Ainsi, dans l'Europe des premiers siècles, chez les anciens Germains, mais aussi en Égypte, en Chaldée, en Inde, et encore il y a peu, chez les Inuits, il convient rituellement d'offrir la femme ou la fille à l'hôte de passage. Précisons que ce principe d'hospitalité n'a pas de but vénal, que la femme n'est pas exploitée, que le seul bénéfice éventuellement recherché est un métissage génétique. Certains Européens de passage disent avoir été surpris de l'« hospitalité » de certains Inuits allant jusqu'à offrir leur femme ou leur fille.

À partir du xixe siècle, les armes à feu bouleversent les pratiques de chasse. Les missionnaires tentent de convertir les Inuits au catholicisme ou au protestantisme tout en cherchant souvent à les sédentariser. Avec d'autres peuples premiers, les Inuits et populations du Nord de l'Europe cherchent à retrouver une certaine autonomie, au Canada, en partie accordée. Mais l'introduction de l'alcool, des maladies microbiennes jusqu'alors inconnues sous ces latitudes et de la radio, l'accès au commerce global, de la télévision et du motoneige sont après quelques décennies, causes de bouleversements sociaux, culturels et du mode de vie.

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une des première moto-neige

Statut des Inuits au Canada et au Québec

Au début des années 1920, le problème sur le statut des Inuits refait surface lorsque O. S. Finnie, le directeur du département de l'Intérieur des Territoires du Nord-Ouest et du Yukon annonce que des obligations sont liées aux droits territoriaux et que le gouvernement canadien ne devrait pas transférer ces responsabilités en éducation et en soins de santé aux commerçants et aux missionnaires. Finnie avait auparavant été choqué par les propos que l'explorateur danois Knud Rasmussen avait tenus au retour de son expédition de 1921 - 1923 sur la côte occidentale de la baie d'Hudson.

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Explorateur-anthropologue Knud Rasmussen 1879-1933


Il avait déploré les misérables conditions de vie des Esquimaux de cette région. À la suite de ce constat, Finnie demande alors que cette responsabilité soit transférée au département des Affaires indiennes11 en proposant un amendement à la Loi sur les Indiens pour pouvoir y inclure les Esquimaux. Cet amendement, très controversé à l'époque, a été l'objet d'intenses débats à la Chambre des Communes au point où Finnie dut prendre sa retraite prématurément. Arthur Meighen, un député de l'opposition conservatrice en 1924, déclare à la Chambre que la meilleure attitude que le gouvernement pourrait avoir face aux Esquimaux, serait de les laisser seuls avec eux-mêmes. Après de nombreuses discussions, le gouvernement libéral de l'époque, en accord pour une fois avec l'opposition, annonce que la Loi sur les Indiens n'est pas applicable aux Inuits. Laisser les Esquimaux seuls était le slogan à la mode dans les années 1920 et 1930, mais dans la réalité, l'Arctique était envahi par les commerçants de fourrures, les missionnaires, les baleiniers, les prospecteurs et autres. On venait de découvrir d'importants gisements pétroliers dans la région de Norman Wells, dans l'Arctique de l'Ouest. L'attention était focalisée sur le développement économique, sans assumer les responsabilités et les conséquences qui en découlent.

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Norman Wells


À cette époque, la Compagnie de la baie d'Hudson, la « bonne compagnie » comme la surnommaient certains Inuits, avait instauré depuis un certain temps tout un système de crédit avec les autochtones. Cette façon de faire leur assurait la dépendance et un certain monopole auprès des trappeurs indiens et inuits. Devant la menace de ce transfert de responsabilités, la compagnie refusa sur le champ et déclara qu'assumer les besoins de base chez les Inuits est une obligation du gouvernement canadien. Lorsque l'administration des affaires inuites a été transférée des affaires indiennes au bureau du commissaire des Territoires du Nord-Ouest en 1927, la question du statut juridique des Inuits du Québec avait refait surface. Le commissaire écrivit alors immédiatement un mémo indiquant que les Inuits du Québec et du Manitoba ne sont pas sous son autorité. Le département des Affaires indiennes n'eut d'autre choix que d'accepter de couvrir les frais de ce groupe d'Inuits, mais seulement pour l'année 1928-29. Il transféra cette responsabilité aux provinces concernées. Le gouvernement du Québec accepte alors que les Esquimaux qui vivent sur son territoire soient perçus comme des citoyens du Québec à part entière et insiste sur le fait qu'il assumera sa part de responsabilité face aux besoins de ces derniers, mais qu'il ne veut pas payer pour les dépenses antérieures faites par le département de l'Intérieur. Mais le fédéral continue à vouloir donner ses services aux Inuits du Québec et à envoyer la facture à la province. Selon Rowat du département de l'Intérieur, l'aide devrait être distribuée par les missionnaires, les commerçants et la Gendarmerie royale. Ces dépenses seront assumées par le fédéral, puis la facture renvoyée aux autorités provinciales pour qu'elles puissent payer leur part. Le gouvernement fédéral croit qu'il est plus habile à s'occuper des affaires esquimaudes.

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Trappeur 


En 1931, en pleine Grande Dépression, le gouvernement fédéral veut que le Québec assume sa pleine responsabilité sur les Inuits de la province. Québec refuse sur le champ, il a aussi des problèmes financiers. Ce dernier envoie alors une lettre au gouvernement du Canada lui demandant comment il en arrive à décider que les Inuits du Québec n'auraient que le statut de citoyens du Québec. La réponse ne se fit pas attendre. Rowat, du département de l'Intérieur, écrit que les Inuits ne sont pas classés avec les Indiens définis à l'Acte de l'Amérique du Nord britannique et que la Loi sur les Indiens ne s'applique pas aux Esquimaux. Ils sont des citoyens comme n'importe quels citoyens canadiens, sans statut particulier. « Avec tout le respect que j'ai pour les Indiens, les Inuits ne sont pas des pupilles de la Couronne ». Le Québec réplique aussitôt que l'article 91 de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique inclut tous les aborigènes du Canada. Rowat réplique alors que le département de la Justice n'interprète pas le terme indien comme le fait le Québec. Il annonce dans la même lettre que le bateau de la Compagnie de la baie d'Hudson sera bientôt à Wakeham Bay, qu'il transporte les représentants officiels du gouvernement fédéral et c'est le dernier endroit où l'on pourra communiquer avec eux. Il veut connaître immédiatement la position du Québec face aux Inuits résidant dans la province. Et cette réponse arriva : « nous maintenons notre interprétation du mot indien, cependant nous sommes prêts à continuer notre arrangement avec le fédéral pour une autre année ». Les positions devenaient irréconciliables. Le fédéral continuait à chaque année de réclamer au provincial, le remboursement des dépenses encourues pour les Inuits du Québec.

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Village de Kangisqsujuaq dans Wakeham Bay


Encore en 1933, le gouvernement fédéral envoie une autre lettre au Québec lui signifiant qu'il n'accepte aucune responsabilité sur les Esquimaux du Québec. Le Québec paie alors le compte de 1930–31 à la Compagnie de la baie d'Hudson et annonce du même coup que c'est son dernier paiement. La compagnie répond avec empressement qu'elle ne peut prendre aucune responsabilité des aides apportées aux Inuits du Québec, mais que d'un autre côté, il ne faut pas que des êtres humains meurent de faim parce qu'il y a divergence de vue entre les deux gouvernements. Pris entre l'arbre et l'écorce, la Compagnie de la baie d'Hudson demande des garanties pour continuer le ravitaillement des postes sur la rive occidentale de la baie d'Hudson. Taschereau, le premier ministre du Québec de l'époque, répond à la compagnie que le gouvernement du Québec prendra bientôt les actions nécessaires, devant la Cour suprême du Canada, pour régler ce problème de juridiction. La CBH continuera alors à faire crédit aux Inuits du Québec pour les besoins de première nécessité comme la farine.

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Louis Alexandre Taschereau 1er ministre du Québec de
1920 à 1936


Que ce soit le gouvernement fédéral, le gouvernement provincial, la Compagnie de baie d'Hudson, tous jouent au poker avec le bien-être des Inuits du Québec. Le 2 avril 1935, le drame se déplace alors en Cour suprême. Il faut que cette dernière réponde à la question posée par le Québec : « Est-ce que le terme indien utilisé à l'article 91 de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique de 1867 inclut aussi les Esquimaux résidant dans la province de Québec ? ». La réponse affirmative dans un jugement unanime de tous les juges arrivera le 5 avril 1939, et comme c'est le cas pour plusieurs décisions juridiques, cela apporta plus de problèmes que ça n'en régla. La première réaction du fédéral fut d'en appeler de ce jugement devant le Conseil privé de Londres. Des élections fédérales furent déclenchées, puis l'Allemagne envahit l'Europe, déclenchant la Deuxième Guerre mondiale ; on fit en sorte que la cause ne soit jamais rendue jusqu'à Londres. Durant tout ce temps, la situation légale des Inuits du Québec ne s'était pas clarifiée pour autant. Les administrateurs fédéraux séparaient la juridiction d'un côté et la responsabilité de l'autre. Il ne fallait surtout pas que les Inuits obtiennent un statut particulier comme les Indiens. Ce sont des citoyens libres et responsables. On s'occupe d'eux mais sans privilège particulier. De toute façon, que ce soit pour les Inuits ou pour les Indiens, le but était le même : l'assimilation, dans les plus brefs délais, à la culture dominante. Si jamais les administrateurs fédéraux pour l'Arctique avaient eu à écrire une loi sur les Esquimaux, voici l'esprit qui les animait à cette époque : « Si une loi sur les Esquimaux devait être promulguée, nous aurons besoin de définir le terme esquimau. Cependant, si nous acceptons le fait que les Esquimaux ne sont pas des sujets du gouvernement canadien, mais simplement, un petit groupe de défavorisés vivant dans un environnement difficile, il ne semble pas que nous ayons le besoin de définir plus que la définition que nous donnons aux Canadiens-Français, aux Chinois-Canadiens ou à tout autre groupe ethnique ». Et ironiquement, c'est cette façon de penser qui a servi au gouvernement du Québec dans les années 1960 lorsqu'il a changé sa position pour ce qui avait trait à sa responsabilité face aux Inuits de la province. Tout à coup, le Nord-du-Québec et ses habitants devenaient intéressants pour le gouvernement provincial. C'était René Lévesque, député libéral à l'époque, qui était chargé des affaires du Nord pour le Québec. Il ne faut pas oublier qu'il était aussi le ministre des ressources naturelles et qu'il est le père de la nationalisation de l'électricité. Les élus provinciaux de l'époque découvraient les énormes potentiels de développement hydroélectrique à la baie James et dans le Nord québécois. Les intérêts économiques dépassaient une fois de plus les intérêts philanthropiques.

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Complexe hydroélectrique de la Baie James


Après toutes ces années de dispute, le gouvernement fédéral a accueilli très favorablement ce transfert de responsabilité vers la province. Le premier ministre Pearson expliqua que la politique gouvernementale, après une période transitoire, était d'intégrer les Autochtones du Canada aux programmes fédéraux et provinciaux normaux pour tous les Canadiens. Ainsi, il sera plus facile pour les Canadiens d'accepter que les Autochtones soient égaux socialement parlant. C'est avec cette même philosophie que Trudeau arriva avec son Livre blanc de 1969 sur les Premières nations. Comme vu précédemment, les Indiens l'ont refusé sur le champ et il a dû le mettre de côté. Mais les Inuits du Québec n'étaient pas du tout d'accord avec ce changement d'autorité. Certains résidents de la baie d'Hudson ont même menacé de déménager sur les îles Belcher. Les coopératives inuites du Québec ont passé à deux cheveux de se dissoudre et d'aller se reformer à Sanikiluaq. Mais les autorités québécoises leur ont assuré qu'elles assumeraient toutes leurs responsabilités de juridiction provinciale. Mais le Québec ne voulait plus que ces services soient assurés par des agents fédéraux. La Direction générale du Nouveau-Québec était alors fondée et pendant les dix ans qui ont suivi, tous les services ont été disponibles en double. Le pendule de la juridiction était donc revenu à la même place qu'au début des années 1920. En résumé, les Inuits du Canada ne sont toujours pas inclus dans la Loi sur les Indiens, donc n'ont toujours pas de statut juridique particulier.

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Village de Sanikiluaq

Assimilation par la déculturation

Les réinstallations étaient considérées comme une solution à certains problèmes perçus par le gouvernement ou d'autres organismes. Dans certains cas, la réinstallation accompagnait d'autres changements touchant la vie des Autochtones, changements qui résultaient souvent eux-mêmes de politiques gouvernementales. L'analyse révèle que si les motifs utilisés pour justifier les réinstallations sont nombreux et difficiles à déterminer, on peut classer les réinstallations en deux grandes catégories : celles qui étaient d'ordre administratif et celles qui étaient liées au développement15. Les réinstallations d'ordre administratif sont des déplacements de populations destinées à faciliter les opérations du gouvernement ou à répondre à des besoins qu'on percevait chez les Autochtones. Comme exemple, peuvent être cité : les Micmacs (Nouvelle-Écosse), les Inuits d'Hebron (Labrador), les Dénés Sayisi (Manitoba) et certaines Premières Nations du Yukon. Pour remettre les autochtones en contact avec la nature pour favoriser l'autosuffisance et les éloigner des influences négatives des établissements non autochtones, il y a les Inuits de l'île de Baffin vers l'île Devon et les multiples déplacements des Inuits du Keewatin et au Québec. Le développement a souvent été utilisé pour justifier les déplacements, et ce partout dans le monde. Les réinstallations sont alors la conséquence de politiques nationales de développement dont le but avoué est principalement le bien des réinstallés ou encore l'implantation de projets industriels. Pour la récupération de terres à des fins agricoles, comme exemple : les Ojibwas (Ontario) et les Métis de Sainte-Madeleine (Manitoba). Pour la récupération de terres pour l'urbanisation, il y a les Songhees (Colombie-Britannique). Pour la construction de barrages hydroélectriques, par exemple les Cheslattas T'en (Colombie-Britannique), les Cris Chemawawin (Manitoba) et de Fort-George (Québec).

Cheslatta carrier nation

famille de la Nation Cheslattas T'en ou Cheslattas Carrier

Assimilation par la déculturation

Les réinstallations étaient considérées comme une solution à certains problèmes perçus par le gouvernement ou d'autres organismes. Dans certains cas, la réinstallation accompagnait d'autres changements touchant la vie des Autochtones, changements qui résultaient souvent eux-mêmes de politiques gouvernementales. L'analyse révèle que si les motifs utilisés pour justifier les réinstallations sont nombreux et difficiles à déterminer, on peut classer les réinstallations en deux grandes catégories : celles qui étaient d'ordre administratif et celles qui étaient liées au développement15. Les réinstallations d'ordre administratif sont des déplacements de populations destinées à faciliter les opérations du gouvernement ou à répondre à des besoins qu'on percevait chez les Autochtones. Comme exemple, peuvent être cité : les Micmacs (Nouvelle-Écosse), les Inuits d'Hebron (Labrador), les Dénés Sayisi (Manitoba) et certaines Premières Nations du Yukon.
 

Micmac de nouvelle ecosse
Micmac de Nouvelle Ecosse
Inuit d hebron
Inuits d' Hebron
Inuits du labrador
Inuits du Labrador



Pour remettre les autochtones en contact avec la nature pour favoriser l'autosuffisance et les éloigner des influences négatives des établissements non autochtones, il y a les Inuits de l'île de Baffin vers l'île Devon et les multiples déplacements des Inuits du Keewatin et au Québec. Le développement a souvent été utilisé pour justifier les déplacements, et ce partout dans le monde. Les réinstallations sont alors la conséquence de politiques nationales de développement dont le but avoué est principalement le bien des réinstallés ou encore l'implantation de projets industriels. Pour la récupération de terres à des fins agricoles, comme exemple : les Ojibwas (Ontario) et les Métis de Sainte-Madeleine (Manitoba). Pour la récupération de terres pour l'urbanisation, il y a les Songhees (Colombie-Britannique). Pour la construction de barrages hydroélectriques, par exemple les Cheslattas T'en (Colombie-Britannique), les Cris Chemawawin (Manitoba) et de Fort-George (Québec).

Ojibwas
Objiwas
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Dénés Sayisi
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première nation du Yukon

 

Réinstallations d'ordre administratif

Labrador fullmap

Dans les années 1950, tout comme les Micmacs de Nouvelle-Écosse, les Inuits de Hebron et de Nutak au Labrador ont vécu une centralisation forcée. Parce que les gouvernements n'avaient pas le choix de fournir des services à tous les Autochtones, même ceux des régions éloignées, les politiciens décidèrent de regrouper ces populations dans les petites communautés existantes du Sud du Labrador. Bien que l'économie de prédation leur fournissait depuis toujours, tout le nécessaire à une vie heureuse et communautaire, ces Inuits n'eurent d'autres choix que de tenter de s'adapter à la vie des collectivités du Sud. On a même séparé les familles en provenance d'un même village. Cinq familles de Hebron iraient à Nain, 10 à Hopedale et 43 à Makkovik. Cette façon désordonnée de faire les choses a été extrêmement douloureuse pour ces Hebronimiuts. Comme en Nouvelle-Écosse, lors des déménagements, la plupart des nouvelles maisons n'étaient pas encore construites dans les villages d'accueil. Plusieurs familles n'ont eu d'autres choix que de s'entasser dans des logements de piètre qualité. Comme pour toutes réinstallations, peut-être la chose la plus importante, les fonctionnaires n'ont pas tenu compte des liens qui unissent les Inuits au territoire. Paulus Nochasak a très bien résumé la situation :
« nous avons dû aller dans un endroit qui n'était pas notre terre ».
La Commission royale sur le Labrador de 1974 a conclu que le programme de réinstallation dans le Nord avait été une opération futile et inconsidérée ayant causé injustices et souffrances aussi bien aux Inuits qu'aux résidents des collectivités d'accueil. Elle a conclu que les programmes gouvernementaux de réinstallation au Labrador avaient été considérés par le gouvernement comme une fin en soi et non comme un élément d'un processus de développement. D'autres erreurs fondamentales ont été commises du fait que l'on n'a pas pris en compte ou cherché à connaître les souhaits et les aspirations de tous ceux touchés par la réinstallation, et aussi du fait que la planification était d'une très grande médiocrité.

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village de Nain (5 familles d'Hebron y furent déportées)
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village Hoppedale (10 familles d'Hebron y furent déportées)
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village de Makkovik (43 familles d'Hebron y furent déportées)


C'est avec une idéologie d'intervention minimaliste auprès des populations inuites que les administrateurs du Nord entreprirent un vaste plan de colonisation des territoires vierges des îles Baffin et Devon. Diverses recherches ont toutefois révélé plus tard que des motifs de souveraineté du territoire arctique étaient aussi derrière cette décision d'aller de l'avant avec le premier projet officiel de réinstallation des Esquimaux. En 1934, 53 hommes, femmes et enfants de Pangnirtung, Pond Inlet et Cape Dorset, avec 109 chiens, traîneaux, kayaks et bateaux furent déménagés sur l'île Devon (Dundas Harbour). Après deux années passées sur cette contrée déserte, les très mauvaises conditions climatiques et de glace ont finalement convaincu les Inuits de vouloir rentrer chez eux. La prétendue expérience destinée à éprouver la capacité des Inuits à s'adapter à cet endroit, s'est soldée par un échec total. Les gens de Pangnirtung furent rapatriés chez eux, en 1936. Par contre, ceux de Cape Dorset et de Pond Inlet ont appris avec stupeur qu'ils seraient plutôt déplacés à Arctic Bay où un poste de traite était sur le point d'ouvrir. Tout juste un an plus tard (1937), ces familles furent redéplacées à Fort Ross (île Somerset). Durant dix ans, en raison des problèmes chroniques d'approvisionnement par bateau à cet endroit, les Inuits vécurent presque exclusivement de thé, de biscuits de ration et de farine. On peut lire dans un rapport de 1943, que les réinstallés entretenaient toujours la folle idée de retourner à Cape Dorset. En 1947, on les transféra pour la quatrième fois, à Spence Bay (Taloyoak aujourd'hui) cette fois. On trouve encore aujourd'hui des descendants de ce petit groupe d'Inuits dans ce village. C'est probablement dans l'épisode de l'île Devon que s'illustre le plus clairement l'analogie qui consiste à déplacer des humains comme des pions sur l'échiquier de l'Arctique. En effet, un petit groupe d'Inuits a fait l'objet de transplantations successives dans quatre lieux différents, au gré des intérêts économiques changeants de la Compagnie de la Baie d'Hudson et avec pour toile de fond les intérêts géopolitiques de l'État.


 

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Village de Pangnirtung Village de Pond Intlet Village de Cape Dorset
Taloyoak 01 Artic bay
Village de Taloyoak Village de Artic Bay

Malgré l'échec de ce premier plan de réinstallations, dans les années 1950, un administrateur du ministère des Affaires indiennes et du Nord rédige une longue note sur une nouvelle idée de déménagements des populations de l'Arctique. Pour cet auteur anonyme, la solution serait de les déplacer tous, dans deux ou trois villes du Sud du Canada. On pensa en effet, à l'implantation d'un village inuit à Hamilton (Ontario), un autre à Winnipeg (Manitoba) et un dernier près d'Edmonton (Alberta). Ce plan permettrait une meilleure gestion des besoins de ces gens au lieu de les laisser disséminés le long des 15 000 kilomètres de côtes de l'océan Arctique. Quant à leur civilisation, il convient de s'y opposer implacablement, en raison du peu d'espoir de la voir évoluer. Voilà un bel exemple d'une certaine idéologie raciste qui régnait parmi les fonctionnaires et les politiciens de l'époque. Heureusement, cette idée que l'on peut qualifier d'ethnocentriste, n'a jamais été mise en application.

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Hamilton (Ontario) Winnipeg (Manitoba) Edmonton (Alberta)


Pendant que les fonctionnaires préparaient la relocalisation des Inuits vers le sud, les projets visant à multiplier les réinstallations dans l'Extrême-Arctique allaient bon train. Encore pour des raisons non avouées de souveraineté sur l'archipel arctique, le gouvernement du Canada préparait l'une des plus tragiques histoires des régions nordiques. Il fallait trouver une solution au problème esquimau de l'époque et ces déménagements devaient être présentés comme spectaculaires auprès de la population canadienne du Sud. Une fois de plus, il y avait eu promesse de jour meilleur de la part du gouvernement canadien auprès de ces migrants forcés. Le 25 juillet 1953. Trente-quatre personnes (sept familles) de Port Harrison (Inukjuak) embarquent sur le navire C. D. Howe en direction de l'île d'Ellesmere et Cornwallis dans le Haut-Arctique. Trois jours plus tard, trois familles (seize personnes) de Pond Inlet les rejoignent sur le pont d'acier du navire gouvernemental. Le lendemain, le C. D. Howe arrive à Craig Harbour (île Ellesmere) pour y débarquer cinq familles. Henry Larsen, un officier supérieur de la Gendarmerie royale du Canada, les a décrit comme suit : « lls sont sales, déguenillés, d'apparence négligée, un lot de colons n'ayant pas un beau look ». Les autres, restés sur le bateau, sont transférés sur le brise-glace Iberville qui tentera vainement de rejoindre Alexandra Fiord un peu plus au nord. Après cette tentative avortée, le brise-glace revient à Craig Harbour pour y débarquer deux autres familles. Les dix-huit Inuits restants, seront amenés quelques jours plus tard à Resolute Bay. Sans avertissement aucun, des familles se trouvaient ainsi séparées. L'un des exilés dira plus tard : « nous avons été totalement abandonnés sur les plages de Craig Harbour et de Resolute Bay ». Un an plus tard, ceux de Craig Harbour seront déménagés une seconde fois, à cent kilomètres plus à l'ouest, soit à Grise Fiord. Le caporal Glenn Sargent de la gendarmerie, un an après l'arrivée des Inuits à Craig Harbour informait ses supérieurs en écrivant : « que la région de Craig Harbour est leur Jardin de l'Éden ». Il écrivait aussi que les Inuits avaient beaucoup de succès à la chasse, en réalité, c'était exactement le contraire. À ces latitudes si nordiques, le gibier se fait rare. Dans la nuit polaire qui dure quatre mois, un chasseur avait même passé de longues heures à attendre un phoque au-dessus de son trou de respiration, mais en réalité, ce point noir n'était qu'une crotte de renard. Entre 1953 et 1960, la majorité des enfants de Resolute étaient devenu orphelins. Les parents étaient décédés de désespoir, de maladies et de conditions trop extrêmes. Un célèbre politicien de l'époque a même déclaré : « s'ils veulent revenir, qu'ils payent ». Ce n'est qu'à la fin des années 1990, que le gouvernement fédéral accepta de dédommager les familles qui furent déplacées. Cependant, il a toujours refusé de s'excuser et d'avouer les vraies raisons de ces réinstallations catastrophiques.

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Resolute Bay
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Grise Fiord

Vie et culture dans l'Arctique
Économie

Environ 80 % de la population inuite pratique la chasse et la pêche. La chasse leur fournit leur alimentation et joue un rôle important dans leur économie, surtout par la vente de la viande, de peaux et quelquefois de graisse. Ce n'est que tout récemment que les Inuits ont commencé à considérer la chasse comme un travail à temps partiel, beaucoup d'entre eux ayant maintenant un emploi salarié, notamment dans l'industrie minière, gazière ou encore pétrolière. Par contre, la chasse est la base de l'alimentation traditionnelle et demeure importante pour se nourrir. Le commerce des fourrures, qui fournit l'essentiel des revenus, a beaucoup souffert quand, au début des années 1980, des campagnes de défense des animaux ont eu un impact marquant. De nos jours, les Inuits ont un quota à respecter[réf. souhaitée]. Depuis des siècles, les caribous jouent un rôle essentiel chez les Inuits, tant pour la nourriture que pour l'habillement : leur viande est centrale dans le régime alimentaire inuit et leur fourrure aux qualités isolantes exceptionnelles en fait un bien précieux lors des rudes hivers.

Langue inuite (Inuktitut)

Les Inuits parlent des langues de la famille linguistique eskimo-aléoute. La langue inuite est essentiellement orale. De génération en génération les mythes, récits, chants et formules chamaniques étaient transmis oralement. La langue devient écrite au xviiie siècle et au xixe siècle avec l'arrivée des missionnaires au Canada afin de faciliter son adhésion au christianisme. Elle est transcrite en caractères latins dans les Territoires du Nord-Ouest et au Labrador. Au Nunavut et au Nunavik, la transcription se fait en caractères syllabiques. Actuellement, les caractères latins étant majoritaires, un projet veut imposer un système unique pour l'ensemble des Inuits. Au Nunavut, l'inuktitut (la langue officielle) est transcrite en caractères syllabiques. Elle est aujourd'hui un symbole identitaire. C'est aussi la langue d'enseignement jusqu'à la troisième année scolaire du primaire.

Au Nunavik, l'inuktitut n'est pas langue officielle mais il est toutefois reconnu dans l'administration. Il est enseigné jusqu'à la seconde année scolaire du primaire. Ensuite, les élèves choisissent une seconde langue d'enseignement.

Mythologie inuite

La mythologie inuite connaît plusieurs similitudes avec certaines religions d'autres régions polaires. Des pratiques en matière religieuses traditionnelles des Inuits pourraient être très brièvement récapitulées comme une forme de chamanisme basée sur des principes animistes.

Art

L'inukshuk, un repère directionnel formé par un empilement artificiel de pierres (ou cairn), est devenu un des thèmes de l'art inuit, entre l'abstrait et le figuratif.

Un inukshuk (ou inuksuk, pluriel inuksuit) est un empilement de pierres (ou cairn) construit par les peuples inuit et yupik dans les régions arctiques d'Amérique du Nord, depuis l'Alaska jusqu'au Groenland, en passant par l'Arctique canadien. Sa forme et sa taille peuvent varier.

Inukshuk est un terme inuktitut composé des morphèmes inuk (être humain) et -suk (substitut, agissant à la place de), signifiant « ce qui a la capacité d'agir comme un être humain ».

Par extension, le mot inukshuk en est venu à désigner, dans l’art inuit, à partir des années 1960, puis dans la culture populaire, une construction de pierres empilées adoptant une forme humaine. Un tel monument anthropomorphe est, en inuktitut, plutôt considéré comme un inunnguaq (pluriel : inunnguait), signifiant « ce qui ressemble à un être humain ».

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inukshuk
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inukshuk sur la river Ottawa

Musique

La musique traditionnelle se caractérise par un chant récitatif à ambitus restreint (d'une sixte), une mélodie favorisant les tierces et une rythmique complexe. On y distingue une musique vocale katajjaq et une musique à danser, toujours accompagnées de tambours. Ces productions musicales sont liées au chamanisme (cérémonie pour la chasse ou le jeu) ou à des considérations pratiques (berceuses). 

La musique traditionnelle est simple et se caractérise par un chant récitatif à ambitus restreint (d'une sixte), une mélodie favorisant les tierces et une rythmique complexe. On y distingue une musique vocale katajjaq et une musique à danser, toujours accompagnées de tambours. Ces productions musicales sont liées au chamanisme (cérémonie pour la chasse ou le jeu) ou à des considérations pratiques (berceuses). Avant l'arrivée des Européens (surtout Écossais et Irlandais), il n'existait ni chant de travail ni chant de courtoisie ou d'agrément. Depuis, on trouve le piseq (ou piserk), un chant personnel contant la vie quotidienne ou les superstitions.

Le chant de gorge comporte diverses appellations selon les régions :

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Chanteuses Inuites

Cuisine

La cuisine inuite traditionnelle est composée d'aliments crus provenant de la pêche et de la chasse. On peut cependant cuisiner du bouillon de renne ou de la viande d'ours polaire, phoque, baleine et, en fonction de ce qu'offre le milieu de vie (banquise, forêt), sont aussi confectionnées des galettes (banniques) faites de farine, de levain et de graisse de phoque.

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Séchage du poisson

 

Date de dernière mise à jour : 17/12/2021

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